Miguy SAMINADIN

Lorsqu’en 1991, je postule dans cet Institut Médico Educatif (IME) en tant que candidate élève éducatrice, je ne me doute pas que les rencontres que je vais y faire me toucheraient autant.

En 2003, je pousse les portes de cette jolie Maison d’Accueil Spécialisée – nouvellement construite pour y travailler en qualité d’éducatrice spécialisée - coordinatrice de proximité. L’établissement reçoit des personnes adultes atteintes de handicap intellectuel, moteur ou somatique grave, ou gravement polyhandicapées.  « Ma boite à outils » et mon expérience de 12 ans me laissent démunie et impuissante face aux personnes polyhandicapées. A travers diverses lectures notamment « le livre rouge » d’Andréas FRÖHLICH, je découvre l’approche de la stimulation basale. Par son essence holistique, elle s'est naturellement inscrite dans mon paysage personnel et professionnel.

En 2010, je prends mes fonctions de chef de service au sein de la Maison Perce-Neige de Bois-Colombes – MAS qui accueille essentiellement des résidents atteints de polyhandicap et de TSA. Très vite, nous formons les équipes à la stimulation basale, les résidents en ont bénéficié tout autant que les professionnels qui ont ajusté leur pratique puisqu’ils se sont rendu compte de l’importance de leurs actes au quotidien.

En 2014, je prends les fonctions de directrice à la Maison Perce-Neige de Colombes – FAM, L’approche basale devient un pilier du projet d’Etablissement et un véritable levier de management. Les équipes disent « re-découvrir leur métier », « re-découvrir » les résidents. Les résidents sont vécus comme « des êtres en capacité de ». Les accompagnants sont heureux de devenir « des artisans de l’infime » et investissent pleinement les actes essentiels de la vie quotidienne.

Après 32 ans passés en France Métropolitaine. Je reviens vivre à l'ile de la Réunion. A travers mes expériences professionnelles, j’ai pu constater combien l’approche basale était bénéfique tant du côté des résidents, que du côté des professionnels et de l’équipe de direction. C’est dans la perspective de transmettre l’approche de la stimulation basale que j’ai démarré la formation pour devenir à mon tour formatrice. Cette manière de regarder, de considérer, d’appréhender l’Autre dans sa globalité permet de rompre – à un moment de la journée, avec cette relation souvent asymétrique aidé/aidant.

Je pense que l’approche de la stimulation basale favorise la rencontre avec les personnes vulnérables qui nous accompagnent dans nos professions et qu’elle touche tout autant chaque individu dans son intime humanité et sa complexité.

L’engagement ainsi que les valeurs éthiques portées par l’Atelier des Pratiques correspondent à ma conception de la formation professionnelle. La transparence, la disponibilité, la simplicité relationnelle, la rigueur sont autant de qualités et d’atouts qui favorisent une collaboration sereine et riche.

Tout au long de ma carrière, je me suis rendue compte de l’importance de la formation professionnelle continue, notamment en tant que levier de management. Il s’agit à mon sens d’un outil indispensable pour prendre soin des professionnels qui pourront à leur tour prendre soin des personnes accompagnées. Accompagner au quotidien des personnes en situation de dépendance demande disponibilité et recul. La dynamique instituée par la formation professionnelle continue permet de prendre un peu de hauteur pour mieux réinvestir le quotidien, acquérir des compétences supplémentaires ou tout simplement redonner du sens aux actes du quotidien. Elle facilite un ajustement de la posture. Elle permet de fédérer les professionnels autour d’objectifs communs, de maintenir, d’instituer un vocabulaire et une manière d’être commune. La formation professionnelle continue participe à la construction d’une identité professionnelle singulière.