Sylvie PAYEN

Je suis psychomotricienne, c'est mon identité professionnelle depuis l'obtention de mon diplôme en 1990. Plus de 30 ans après, j'exerce avec toujours autant de plaisir ce métier. Si j'avais à refaire un parcours de formation, je referais exactement le même choix ! Cette profession était quasi inconnue à l'époque, je l'ai découverte au hasard et me suis donnée la première année d'études pour me faire une idée plus précise de la psychomotricité. La place donnée au corps en mouvement et en relation a été le point d'ancrage qui m'a convaincue.

Mon premier emploi m'a conduit auprès d'adultes porteurs d'une déficience visuelle associée à une déficience intellectuelle. J'y ai appris le braille et le déplacement à l'aide d'une canne blanche. Ma deuxième expérience professionnelle a été l'occasion de découvrir les enfants présentant un handicap moteur avec leurs appareillages (du corset-siège au verticalisateur en passant par les orthèses en tous genres). Je suis revenue ensuite au monde des adultes, polyhandicapés, autistes, et aujourd'hui, je travaille dans un établissement qui accueille le même profil mais avec les enfants.

Le langage corporel est présent, partout, tout le temps : un regard, une mimique, une main posée sur une épaule, une respiration. Dans le cadre de la rencontre, faire place au registre sensoriel me semble une évidence, que l'on soit en présence d'une personne neurotypique ou handicapée. Cette évidence tient du bon sens mais ne semble pas toujours aisée à mettre en pratique.

Cette place centrale donnée au corps, je l'ai également rencontrée lorsque j'ai été formée à l'approche de la Stimulation Basale. Andreas Fröhlich, l'auteur de cette approche, nous dit « n'avoir rien inventé mais s'être contenté d'organiser l'évidence ». D'une grande humilité mais surtout d'une grande richesse, cette approche donne de nombreuses clés pour accompagner au mieux les personnes vulnérables.

Déjà formatrice par ailleurs, la certification pour devenir formatrice en Stimulation Basale s'est imposée à moi. Et c'est depuis 2009 que je sillonne toute la région du Sud-Est pour dispenser cette formation dans les établissements demandeurs.

« Agir, Réfléchir, Éprouver ensemble ». Voilà comment je définirai le nécessaire travail en équipe pour accompagner les personnes qui nous sont confiées. Mettre en commun nos savoirs, nos observations et nos ressentis. C'est aussi ce que je tente d'appliquer lors des sessions de formation. Pas de dogme avec une personne sachante (le formateur) et des personnes apprenantes (les stagiaires). Nous avons des expériences à partager, pouvons-nous tenter d'en comprendre quelque chose et d’améliorer nos pratiques en les enrichissant mutuellement ?

• « Le groupe Myrtille : un exemple de l'approche de la Stimulation Basale au service de la personne polyhandicapée » Revue Thérapie Psychomotrice et Recherches n°178, octobre 2013

• « Du chaos vers l'apaisement » Journées annuelles de Thérapie Psychomotrice, octobre 2018 (article à consulter sur le site www.stimulationbasale.fr)